Depuis des années, notre organisation se mobilise aux côtés de la population locale pour mettre fin au stockage de déchets industriels dangereux au fond d’une vieille mine de potasse en Alsace.
Ouvert en 1999, ce centre de stockage abrite à 600 mètres sous terre 44 000 tonnes de déchets de classe 0 et de classe 1 (terres polluées, déchets chromiques, arseniés, phytosanitaires, mercuriels, amiantés, résidus d’incinération). Il est en arrêt depuis 2002, suite à un incendie.
5 scénarios proposés au public
Début 2013, le gouvernement a débloqué un crédit de 100 millions d'euros pour confiner les déchets, tout en retirant ceux qui contiennent du mercure. Une initiative qui n’a pas satisfait du tout le collectif d’associations locales « Destocamine ». Il a donc pris un rendez-vous auprès du ministre de l’Ecologie, qui a mandaté l’exploitant du centre de stockage, l’entreprise Stocamine, pour porter au niveau national le débat sur le devenir du site. Du 15 novembre 2013 au 15 février 2014, la Commission nationale de débat public (CNDP) a proposé 5 scenarios à la concertation, sans jamais envisager la solution radicale du déstockage total. Ce que la CLCV demande de longue date. Le ministère a nommé un médiateur pour qu’il indique quel scénario a sa préférence.
La consultation du public s’est achevée, sur fond de mécontentement. « Nous ne sommes pas satisfaits du déroulement de cette consultation qui, malgré nos propositions, a omis d’étudier un projet de déstockage intégral, alors que se trouve à quelques mètres sous terre la plus grande réserve d’eau d’Europe », regrette Josiane Kieffer représentante de la CLCV d’Alsace.
Incertitudes et interrogations
Depuis l’annonce de la concertation diligentée par la CNDP, de nombreuses études apparaissent sur le site Internet dédié suscitant de nouvelles interrogations. Le profane constate qu’il y a beaucoup d’incertitudes et de contradictions, dans la caractérisation des déchets notamment, que les experts ne sont pas d’accord entre eux, contestent mutuellement leurs méthodes, voire contredisent les études plus anciennes. Arrivée d’eau, convergence des galeries, tenue des terrains, profondeur de creusement, absence de risque d’incendie…. : comment oublier que les experts et autres promoteurs se sont à multiples reprises fourvoyés lors de l’élaboration du projet initial ? Et de s’interroger : seraient-ils devenus infaillibles ? Comment accorder foi aux calculs théoriques qui minimisent l’impact des contaminants sur la nappe phréatique ?
Quel avenir pour le site ?
Dans quelques semaines, le ministère fera connaître son choix sur l’avenir du site. Au mieux le scénario du déstockage partiel sera retenu. Mais aucun espoir d’obtenir le nettoyage complet du site et une réelle prise en compte, une fois pour toutes, de ces déchets dont on ne sait que faire. Pourtant, la pollution qu’ils risquent de générer pour les générations futures, la question du traitement et surtout de la prévention devraient être autant de priorités nationales.