Vous vous plaisez dans votre logement, mais vous rencontrez des difficultés au quotidien ? Des travaux d’adaptation peuvent vous faciliter la vie et vous permettre de conserver votre autonomie. Encore faut-il identifier ceux qui correspondent exactement à vos besoins. Un professionnel peut vous y aider.
Elisabeth Hercberg est ergothérapeute. Elle a créé La Kleh, une société de conseil qui intervient auprès des collectivités et des professionnels du bâtiment pour travailler sur l’aménagement des espaces. Elle effectue aussi des visites de terrain chez les particuliers.
Quel est l’intérêt pour une personne qui envisage des aménagements dans son logement de faire appel à un ergothérapeute ?
E.H. : L’intérêt, c’est d’évaluer ses besoins. On va croiser les capacités d’une personne, les évolutions auxquelles elle sera vraisemblablement confrontée et son environnement pour voir ce qu’il faut faire afin que son logement soit sécurisé, confortable et évolutif.
Il a un rôle à jouer en préventif : lors de mes visites, il m’arrive de constater que des travaux récents ont été effectués et qu’ils doivent être refaits car ils ne sont pas adaptés : par exemple, une douche a remplacé la baignoire et c’est un plus, mais le rebord est trop haut.
A quel moment est-il opportun de faire cette démarche ?
E.H. : Plus tôt on s’y prend, mieux c’est. A chaque étape de la vie, quand on est étudiant ou qu’on a des enfants, on aménage son logement en fonction de ses besoins. Quand on avance en âge, on devrait avoir les mêmes préoccupations. Mais on se refuse souvent à y penser. On hésite à anticiper, comme si on avait peur que ça nous pousse vers la dépendance, une perte d’autonomie. Un départ à la retraite, qui suscite un vrai changement d’organisation de vie, peut être l’occasion d’anticiper, de penser plus loin.
En quoi votre formation fait de vous un expert en aménagement de logement ?
E.H. : Les ergothérapeutes ont une formation paramédicale sur les pathologies et leurs conséquences et impacts sur l’environnement. Ils travaillent en complément des techniciens du bâtiment qui valident les faisabilités techniques et en amont de l'intervention des artisans. Notre spécificité est d'intervenir sur plusieurs niveaux de compensation afin de proposer des solutions sur mesure et efficaces : on pourra conseiller à une personne de modifier ses gestes (utiliser un gilet à la place d’un pull, par exemple), d’utiliser des outils au quotidien plus adaptés (une pince à long manche pour ramasser un objet tombé au sol), d’adapter son environnement (installer une douche extra-plate avec une petite marche ou bien une main courante dans un escalier). C'est l'articulation de ces niveaux de compensation qui rendra les projets efficients.
Lorsque vous êtes sollicitée par un particulier, comment se passe la visite à domicile ?
E.H. : je prends le temps de discuter avec les personnes sur leur quotidien, leurs difficultés, leurs souhaits. Ensuite, je fais le tour du logement et discute des solutions possibles. Puis je rédige un rapport de préconisations qui décrit les caractéristiques techniques et les aménagements souhaitables. Parfois, je fais aussi la visite avec un professionnel du bâtiment afin qu’il valide la faisabilité technique et nous ajustons les préconisations en fonction. Si les aménagements ne sont pas possibles, un relogement peut être envisagé.
En général, quels sont les aménagements que vous préconisez ?
E.H. : Les plus fréquents concernent la salle de bain (installation d’une douche), les toilettes (cuvette rehaussée et barres d’appui), les escaliers (on les sécurise avec une main courante ou une rampe). Pour rendre les pièces accessibles à une personne en fauteuil, par exemple, on va travailler sur la largeur des portes, des circulations... Nous pouvons aussi intervenir sur les parties communes.
Vous travaillez actuellement sur un guide des travaux pour l’Anah : qu’y apprendra-t-on ?
E.H. : C’est un guide très pratique. Nous avons travaillé sur toutes les pièces du logement, les espaces extérieurs, les parties communes pour expliquer ce qu’il faut surveiller et tous les moyens qu’on a d’intervenir. Il s’agit de donner des pistes de réflexion très concrètes, d’envisager des choses parfois très faciles à mettre en œuvre.
Les aides de l’Anah
Les nouvelles subventions appelées Habiter sain, Habiter serein, Habiter facile et Louer mieux viennent renforcer le programme Habiter mieux de l'agence nationale de l'habitat, qui, grâce à des très bons résultats en 2018 a pour objectif de rénover plus 120000 logements pour l'année en cours.
De bonnes nouvelles pour les personnes qui peuvent y avoir accès, les conditions ne changent pas, toujours en rapport avec les revenus des foyers concernés. Tous les détails et conditions d'éligibilités sont disponibles dans ce lien et pour les démarches à suivre rendez-vous sur Commencer sa démarche.
La réhabilitation du parc privé couvert par l'Anah a également proposé de nouveaux plafonds disponibles.