Avant tout, bien se protéger
Selon le ministère de la Santé et de la prévention, chaque année en France, près de 300 000 personnes arrivent aux urgences à la suite d’un accident de bricolage et/ou de jardinage. Chute, coupure, brûlure, écrasement, intoxication… Avant tous travaux, bien se protéger est un geste essentiel.
Au rang des indispensables
- Les yeux : les lunettes de sécurité assurent une protection latérale contre les risques mécaniques, les projections de liquides, gaz et particules de poussières. Privilégiez la norme NF EN 166.
- Les oreilles : si les travaux sont bruyants et dépassent les 85 décibels, le mieux est un casque antibruit ou des bouchons d’oreille (NF EN 352-2).
- Les mains : portez des gants épais résistants aux produits chimiques et à la chaleur.
- Les voies respiratoires : les masques sont conçus pour filtrer les particules et les poussières. Il en existe plusieurs sortes en fonction des travaux à effectuer, jetable ou réutilisable, avec ou sans cartouche de filtration.
- Les pieds : si vous venez à porter des charges lourdes avec des risques de chute d’objets, mieux vaut porter des chaussures de sécurité renforcées.
Repérer les labels
Nous avons tous un jour repeint un mur ou verni un meuble. Le geste semble anodin et pourtant les produits de bricolage, notamment les peintures et les solvants, peuvent contenir des substances toxiques, dont les composés organiques volatils (COV) particulièrement irritants, voire cancérigènes*.
Pour y pallier, depuis 2013, des mesures réglementaires comme l’étiquetage obligatoire « émissions dans l’air intérieur » ont contraint les fabricants à faire des efforts pour supprimer ou limiter ces éléments dans leurs matériaux. Ainsi, les produits de construction et de décoration (cloisons, faux plafonds, revêtements de sol, isolants, portes et fenêtres, vernis, peintures, colles, adhésifs…) vendus en France doivent posséder une étiquette avec un pictogramme accompagné d’une lettre pour le niveau d’émissions allant de la lettre A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions).
« Attention cependant car cet étiquetage est auto-déclaratif par les entreprises qui procèdent au contrôle de leurs propres produits. Il est préconisé d’y associer des labels complémentaires comme l’Ecolabel européen ou NF environnement**», explique le Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’association Santé Environnement France (ASEF). D’autres labels professionnels réglementés définissent également des seuils limites d’émissions de COV totaux : Emicode pour les colles et mortiers, GUT pour les moquettes...
Choisir ses revêtements
Pour limiter la pollution de votre air intérieur, certains matériaux sont plus conseillés que d’autres. Ainsi :
- Le revêtement de sol : selon l’ASEF, le carrelage reste le « bon élève » pour notre santé. De composition essentiellement minérale, il émet très peu de substances nocives et pas du tout de COV. Le parquet en bois massif non traité, les sols en pierre naturelle ou le linoléum naturel en matières végétales (jute…) sont également de bonnes alternatives.
- Le revêtement mural : encore une fois, le carrelage est idéal notamment dans les pièces humides. Concernant le papier peint, les papiers à base de fibre de cellulose et les colles écologiques à base d’amidon sont les moins polluants.
- La peinture : les peintures en phase aqueuse (à l’eau) émettent moins de COV que celles en phase solvant (à l’huile) et sont à privilégier.
Aérer son intérieur
D’après l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, nous passons 85% de notre temps dans des endroits clos (logement, bureau, école...), dont l'air peut s’avérer jusqu’à 10 fois plus pollué que l'air extérieur. « Sans une aération suffisante, à raison d’au moins 10 min deux fois par jour, été comme hiver, les polluants s’accumulent occasionnant des effets sur notre santé : irritations des voies respiratoires, asthme, allergies, maux de tête, fatigue, nausées, vertiges… à court terme et jusqu’aux cancers sur une exposition importante à long terme. En cas de travaux ou lors de montage de meubles neufs (qui contiennent de fortes quantités de COV), les temps d’aération doivent être augmentés pendant et dans les semaines qui suivent. », explique le Dr Souvet.
Recycler ses produits de bricolage
Les matériaux de bricolage ne sont pas des produits comme les autres. « Les solvants usagés, les restes de peinture ou les colles doivent être apportés en déchetterie. Ne videz jamais ces produits dans votre évier, dans les caniveaux ou sur les sols car les stations d’épuration éliminent beaucoup de ces micropolluants mais pas tous. », rappelle l’ADEME.
De même, tous les chiffons et pinceaux souillés, ainsi que les produits de revêtements (moquettes, parquets, lino, cloisons...) doivent obligatoirement être apportés dans ces lieux de collecte.
* https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/composes-organiques-volatils-dans-lair/ ** Bricolage et décoration - Impacts environnementaux et labels, Ademe
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