D’après l’ANSES, près d'un adulte sur cinq consomme des compléments alimentaires, au moins occasionnellement. Si une bonne partie de ces achats se fait toujours en parapharmacie et en grande surface, la vente sur Internet rencontre un réel engouement auprès du public. Avec des arguments plus que douteux !
Le secteur est pourtant très encadré. Par exemple, les allégations thérapeutiques (« prévention des petites maladies d’hiver », « traitement des dépressions légères », etc.) sont strictement interdites en alimentation. Quant aux allégations de santé, elles nécessitent obligatoirement une autorisation préalable. Pour l’obtenir, le fabricant doit élaborer un dossier technique reposant sur des preuves solides (études cliniques) et démontrant la véracité et le bien-fondé de l’effet revendiqué. Celui-ci est examiné par l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments. C’est sur la base de cet avis que la Commission et les Etats membres prennent finalement leur décision d’accepter ou de refuser l’allégation demandée. De fait, seules les allégations de santé scientifiquement prouvées sont autorisées depuis décembre 2012.
Pourtant, l’examen par la DGCCRF de 78 sites Internet parmi les mieux référencés par les moteurs de recherche et les plus représentatifs du marché montre que les infractions sont très nombreuses, le taux de non-conformité frôlant 80 %.
C’est ainsi qu’on retrouve sur la quasi-totalité des sites des allégations de santé non autorisées par la réglementation. Le pompon revenant à un site (dont malheureusement l’administration ne communique pas le nom) avec 194 allégations non autorisées sur 84 compléments alimentaires ! Il s’agit, par exemple, de prétendus bienfaits de la canneberge sur le système urinaire ou d’effets des probiotiques sur le système immunitaire ou la digestion.
Même les allégations autorisées sont détournées ou leur libellé est modifié. Par exemple, « la DHA contribue à la fonction cérébrale normale » devient « la DHA est essentielle au fonctionnement du cerveau ».
L’administration a aussi sanctionné des recours à des allégations thérapeutiques, pourtant strictement interdites, des messages trop généraux, des absences de tableau nutritionnel, de listes d’ingrédients, de quantité de nutriments et/ou substances contenues dans les produits.
Ces très nombreuses infractions ont conduit la DGCCRF à adresser aux contrevenants des injonctions et à demander des sanctions pénales. Par ailleurs, le contrôle des allégations de santé sera poursuivi et renforcé dans ce secteur.