Avec plusieurs mois de retard, la Commission européenne a publié deux rapports détaillés sur l'étiquetage de l’origine pour les produits laitiers et le lait, les viandes non encore soumises à étiquetage, les salades et les légumes en sachets, les aliments constitués d’un seul ingrédient comme la farine, le sucre, les ingrédients constituant plus de 50% d’un aliment (la farine dans un biscuit, les tomates dans une sauce...). Ces volumineux documents portent sur la faisabilité de cet étiquetage et sur l’évaluation des coûts et bénéfices économiques de la mise en place d’un tel dispositif.
Si ces rapports ont de quoi réjouir les industriels, leurs conclusions sont bien en deçà des attentes des consommateurs. Alors de 84% des Européens veulent connaître l'origine du lait(*), qu'il soit vendu en tant que tel ou sous forme de produit laitier, l'exécutif européen juge inopportun de fournir cette information aux consommateurs.
Pas mieux en ce qui concerne les ingrédients principaux. Alors qu’un sondage réalisé en janvier 2013 par la CLCV a montré que 81 % des répondant veulent une information sur l’origine des principaux ingrédients (c’est‐à‐dire ceux représentant la moitié du poids du produit), la Commission juge cela trop complexe et trop coûteux à mettre en œuvre. Même conclusion pour la farine, le sucres, les salades en sachet...
Pour tous ces produits alimentaires, la Commission propose d'en rester à un étiquetage volontaire.
Il n’y a que pour les viandes dites « mineures » (c'est-à-dire le cheval, le lapin et les gibiers sauvages ou d’élevage) non transformées et pré-emballées que la Commission recommande d’introduire un étiquetage obligatoire du pays d’origine, jugeant les surcoûts négligeables et redoutant les conséquences économiques suite aux récentes fraudes sur la viande.
Quant à l’étiquetage des viandes utilisées comme ingrédients dans les produits alimentaires transformés, on est toujours sans réponse de la Commission malgré le vote du Parlement en février 2015 demandant la mise en place d’un étiquetage obligatoire. Mais aux vues des rapports publiés la semaine dernière, les consommateurs peuvent légitiment se demander s’ils seront entendus sur cette question.
(*)Eurobaromètre spécial 410 « La politique agricole commune », mars 2014