Au moment de la crise de la vache folle à la fin des années 90, Les consommateurs se souviennent que l’Union européenne avait interdit les farines animales dans l’alimentation des animaux d’élevage. Ces farines issues du « recyclage » des os, des abats et de la peau des animaux abattus, mais aussi de cadavres d’animaux malades avaient été identifiées comme responsable de l’épidémie, qui non seulement frappait les bovins, mais menaçait aussi les hommes.
Depuis l’an 2000, la maladie de la vache folle a connu un recul spectaculaire et la Commission européenne a récemment proposé d’autoriser sous conditions strictes des sous-produits d’abattoir dans l’alimentation des animaux d’élevage.
Bien que ces « protéines animales transformées » se distinguent des anciennes farines animales (avec l’interdiction d’utiliser par exemple des cadavres d’animaux malades), la CLCV demeure opposée à leur utilisation. En effet, les travaux menés par le Conseil national de l’alimentation et l’Agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) montrent qu’il n’existe pas à ce jour de méthode d’analyse fiable permettant une traçabilité satisfaisante de ces produits.
Quant au bénéfice technico-économique d’une utilisation des protéines animales transformées pour les éleveurs, il reste à démontrer. Il ne permettra en aucun cas aux élevages européens ou français de combler les importants écarts de compétitivité existant avec les éleveurs du Brésil et d’Asie du Sud Est.
Enfin et surtout, les consommateurs sont aujourd’hui très majoritairement opposés à l’utilisation de sous-produits animaux dans l’alimentation animale. Un récent sondage que nous avons réalisé auprès de 1500 internautes montre que 87 % des consommateurs sont hostiles à ces pratiques. Envisager l’utilisation de protéines animales transformées, même si les ruminants ne sont pas concernés, pourrait dès lors conduire les consommateurs à se détourner des produits carnés.
Si les farines animales sont interdites en Europe, en revanche, nous importons du porc et de la volaille en provenance de pays tiers où ces farines sont autorisées ! Les consommateurs qui ne veulent pas de ces produits ont donc tout intérêt à vérifier l’origine des viandes qu’ils achètent. Pour l’instant, cette information est seulement de nature volontaire mais elle devrait heureusement devenir obligatoire.