+ 2.7 % : c’est, au cours des trois deniers mois, l’augmentation qu’ont enregistrée les prix des 29 produits alimentaires que suit la CLCV. Annoncé depuis plusieurs mois par les professionnels de l’agroalimentaire, le retour de l’inflation est donc devenu une réalité dans les rayons des supermarchés. Après les hausses des tarifs de l’énergie, du logement et de la santé, voilà que l’alimentation vient à son tour peser sur le pouvoir d’achat des ménages.
Selon l’Insee, les prix alimentaires auraient augmenté de 2.5 % entre janvier et mai 2011. Et il faut s’attendre à de nouvelles hausses d’ici la fin de l’année. Le scénario de 2008, où le coût de l’alimentation avait crû de 5 %, pourrait bien se répéter.
Matières premières
Pour justifier ces hausses, les distributeurs et les industriels de l’agroalimentaire invoquent les augmentations des prix des matières premières agricoles. Tirés par une demande croissante au niveau mondial, les prix des céréales atteignent actuellement des sommets comparables à ceux de 2008.
Mais qu’en est-il lorsque ces prix diminuent ? Sur la décennie écoulée, il apparaît que les baisses de prix agricoles n’ont guère bénéficié au consommateur qui a, en revanche, subi de façon mécanique l’impact de hausses. Ainsi, la CLCV a pu constater que les prix alimentaires ont augmenté deux fois plus vite que les prix agricoles entre 2000 et 2010 !
Un tel décalage, surtout lorsqu’il s’agit des prix de l’alimentation, produits du quotidien par excellence, pose évidemment question.
Formation des prix
Ce dossier a pour objectif d’apporter un éclairage sur ce sujet épineux et opaque de la formation des prix alimentaires. Du producteur au consommateur, vous découvrirez qui sont les intermédiaires successifs et quelles sont les règles du jeu qui président à la fixation des prix et des marges aux différents stades des filières.
En remontant jusqu’à l’échelon du producteur, vous constaterez que les prix des denrées agricoles de base, en particulier les céréales, connaissent une poussée de fièvre inquiétante. Si la spéculation contribue à cette flambée, il n’en demeure pas moins qu’elle reflète une vraie tension entre l’offre et la demande de produits agricoles au niveau international.
Défi alimentaire
Une population mondiale croissante, des niveaux de vie qui s’élèvent dans les pays émergents comme la Chine et l’Inde et la course aux agrocarburants sont autant de facteurs qui stimulent fortement la demande, face à une offre qui peine à suivre. Ajoutez à cela les aléas climatiques qui peuvent en quelques jours dévaster une récolte et vous comprendrez mieux pourquoi les prix décollent.
Les conséquences se font directement sentir sur le budget des ménages en particulier celui des plus modestes. Certes, les répercussions sociales en France n’atteignent pas le niveau des émeutes de la faim qui ont secoué les pays en développement en 2008. Néanmoins, la réflexion sur ce défi alimentaire et sur les choix de société en matière d’agriculture et de consommation qui en découlent nous concerne tous.
Comment se construisent les prix ?
Avec l’évolution des modes de vie, le temps où l’on s’approvisionnait directement à « la ferme du coin » est révolu. Du producteur au consommateur, les aliments passent désormais par toute une série d’étapes : transformation, conditionnement, transport, stockage, distribution.
Dans le cas d’une pêche que vous achetez chez un maraîcher, entre l’agriculteur qui la produit et vous qui la dégustez, on dénombre généralement trois étapes. Tout d’abord la coopérative qui calibre et conditionne les fruits, puis le grossiste qui regroupe et sélectionne les produits destinés à ses clients et enfin le détaillant chez qui vous faites vos courses.
Du verger à notre panier, chacun de ces intermédiaires prend une marge sur le produit, qui voit donc son prix augmenter tout au long de la filière. Plus le produit est complexe, moins la part de la matière première agricole dans le prix final est importante.
Les marges permettent à chacun de couvrir les coûts liés à son activité et de dégager un bénéfice. Pour autant, sont-elles toujours justifiées ? La question mérite d’être posée au vu des écarts qui existent entre le prix payé au producteur et les prix en rayon.
Prenons l’exemple des cerises « bigarreau », un produit non transformé dans lequel la valeur ajoutée due à l’aval de la production est a priori faible. L’Observatoire des prix et des marges, qui a pour mission de faire la lumière sur la construction des prix, a montré que le prix en rayon était près de 3 fois supérieur à celui payé au producteur ! Pour justifier un tel écart les distributeurs mettent en avant les coûts de main d’œuvre et les pertes importantes sur ces fruits fragiles, mais l’argument peine à convaincre.
Autre exemple : le lait UHT où la part du producteur ne représente que 30 % du prix final. Idem pour le prix du rôti de porc dont seulement 30 % revient aux éleveurs alors que près de la moitié va au distributeur ! Pour ce qui est du pain, on estime que le blé ne représente que 5 % du prix final de la baguette.
Recréer le lien entre producteurs et consommateurs
Circuits courts, Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), vente à la ferme, marchés de producteurs : toutes ces initiatives vont dans le sens d’un lien plus étroit entre les producteurs et les consommateurs.
Ces alternatives à la grande distribution offrent aux consommateurs la possibilité d’en savoir plus sur les aliments qu’ils mangent : ils connaissent le producteur, peuvent visiter son exploitation et savent que le prix qu’ils payent revient d’abord à l’agriculteur et non aux industriels et aux grandes surfaces.
Dans ce domaine, la CLCV d’Arles participe à un réseau particulièrement actif baptisé Solid’Arles. Le but est de proposer aux consommateurs des produits variés issus des exploitations agricoles de la région. Les prix pratiqués sont adaptés au revenu des consommateurs et permettent aux exploitants agricoles de vivre de leur métier.
Si les circuits courts demeurent encore marginaux, ils tendent à se développer. Toutefois le modèle a ses limites. Comment imaginer qu’à grande échelle, en particulier en ville, chaque ménage puisse s’approvisionner directement à la ferme ? Le regroupement de l’offre et sa commercialisation dans les bassins de population demeurent essentiels. Les contraintes liées à notre mode de vie, qui demeure majoritairement urbain, laisse donc à la grande distribution de beaux jours devant elle !
Les marges des intermédiaires prennent du poids
Entre 2000 et 2010, les prix alimentaires en grande distribution ont augmenté deux fois plus vite que les prix agricoles.
Les prix des denrées agricoles de base, en particulier les céréales, connaissent actuellement de fortes augmentations. Mais tel n’a pas toujours été le cas. En effet, les prix agricoles sont sujets à des variations fréquentes et importantes. Cette volatilité affecte peu les prix de l’alimentation qui, eux, ont tendance à augmenter de façon régulière.
Dans une étude récente, la CLCV a ainsi pu constater qu’entre 2000 et 2010 les denrées agricoles ont connu des baisses qui n’ont pas été répercutées sur les prix en rayon.
Un constat : sur l’ensemble de la période, les prix alimentaires en grande distribution ont augmenté deux fois plus vite que les prix agricoles. Mais les évolutions de prix sont très différentes. En effet, les matières premières agricoles ont subi d’importantes fluctuations, les baisses succédant aux hausses, tandis que les prix alimentaires suivent une évolution beaucoup plus régulière et presque toujours orientée à la hausse. Le seul lien évident entre les prix agricoles et les prix alimentaires se manifeste en 2007 et 2008 où la flambée des matières premières agricoles est répercutée au consommateur qui a subi alors une inflation des produits alimentaires de 5.7 %. À partir de mi 2008, les prix agricoles ont connu une spectaculaire décrue alors que les prix alimentaires dans les rayons des supermarchés se sont stabilisés à leur niveau élevé de 2008. Dans le cas du lait, les baisses du prix au producteur
observées de 2001 à 2007 n’ont pas du tout été transmises au consommateur et celle observée après 2008 ne l’a été que partiellement.
De même, les prix du porc à la production ont reculé depuis 2001, mais pas les prix au consommateur !
Des prix qui baissent à la production et qui augmentent dans les rayons : cherchez l’erreur… Les intermédiaires ont augmenté leurs marges, les consommateurs en ont fait les frais.
Qui remporte la mise ?
Ces fameux intermédiaires entre le producteur et le consommateur, ce sont essentiellement les industriels, qui transforment et assemblent les matières premières agricoles, et les distributeurs qui se chargent de commercialiser les produits alimentaires. Entre industriels et grandes surfaces, les négociations commerciales sont rudes. Les distributeurs, qui disposent d’un pouvoir de marché considérable, font pression sur leurs fournisseurs pour qu’ils diminuent leurs tarifs et ceux-ci s’efforcent de faire jouer la concurrence entre enseignes pour obtenir des conditions aussi avantageuses que possible. L’issue de ce bras de fer dépend du poids respectif des protagonistes. Pour certains produits, par exemple le yaourt nature ou le lait, il y a quelques industriels incontournables, des « poids lourds » qui peuvent dicter leurs conditions aux géants de la grande distribution. Ils sont alors en mesure de préserver voire d’augmenter leurs marges au détriment de celles des distributeurs.
En revanche, sur d’autres marchés, qu’il s’agisse des fruits et légumes, de la viande ou la charcuterie, les distributeurs ont face à eux des entreprises de taille moyenne ou des exploitants agricoles souvent peu organisés. Les distributeurs peuvent aisément négocier leur prix d’achat à la baisse et la négociation commerciale tourne alors à l’avantage des distributeurs.
Les augmentations de marge sont-elles justifiées ?
Ce que l’on appelle marge est en général une marge brute, c’est-à-dire une différence entre un prix d’achat (d’une matière première ou d’un produit) et son prix de revente. Quand un professionnel augmente sa marge brute, il invoque généralement une hausse de ses coûts : main-d’oeuvre, énergie, amélioration de la sécurité, de la qualité, etc…
Pour avancer dans le débat sur les marges, il faut analyser non seulement la marge brute mais surtout la marge nette c’est-à-dire le bénéfice une fois déduit l’ensemble des coûts ! Pour l’heure cette donnée est bien souvent considérée comme confidentielle. C’est pourtant là que se situe le fond du problème.
Comment éviter les hausses abusives ?
L’époque où l’État intervenait directement dans la fixation des prix alimentaires est révolue depuis 30 ans. Les prix sont désormais libres et c’est la concurrence entre les professionnels qui est censée éviter toute hausse abusive. Mais, il existe aujourd’hui de nombreux marchés où la concurrence est insuffisante. C’est le cas dans certains secteurs de l’industrie agroalimentaire mais surtout dans la grande distribution : les ménages font 60 % de leurs achats alimentaires en grande distribution et seules 7 grandes enseignes se partagent ce marché considérable.
En matière de transparence sur la formation de prix, un travail notable a été mené par l’Observatoire des prix et des marges, mais il reste beaucoup à faire. La CLCV a en particulier demandé que cet organisme approfondisse son analyse et se penche sur les bénéfices (ou marges nettes) que réalisent les intermédiaires.
Le défi alimentaire : nourrir 9 milliards d’hommes d’ici 2050
La demande alimentaire mondiale progresse à un rythme soutenu. La production peine à suivre.
Les prix agricoles s’affolent : entre le début 2010 et le mois de juin 2011, les prix du blé et du maïs ont doublé tandis que le café a vu son prix augmenter de 98 % sur un an. Ce choc se répercute jusqu’au consommateur qui voit le prix de son caddy grimper. Déjà en 2008, les prix agricoles s’étaient envolés avec pour conséquence une inflation en rayon de l’ordre de 5 %. Du jamais vu depuis de très longues années ! Ces augmentations, qui risquent de se répéter dans les années qui viennent, s’expliquent notamment par une demande croissante et par une production qui peine à suivre.
Des prix fixés au niveau mondial
Aux premiers temps de la politique agricole commune (PAC), dans les années 60, les prix des denrées agricoles étaient fixés par l’Union européenne.
Mais les négociations commerciales internationales ont changé la donne et désormais le prix du blé, du maïs ou du soja en Europe dépend directement de la confrontation entre l’offre et la demande au niveau international. Les cotations sont déterminées sur des places boursières spécialisées, comme celle de Chicago.
Une demande croissante
La demande alimentaire mondiale progresse à un rythme soutenu. En effet, la population continue à augmenter et elle ne devrait se stabiliser
qu’aux alentours de 2050. La terre comptera alors environ 9 milliards d’habitants, soit 50 % de plus qu’aujourd’hui.
S’ajoute à cela l’augmentation du niveau de vie dans les pays émergents. En Chine et en Inde, où la croissance économique est forte, certaines
couches de la population voient leur niveau de vie progresser. Dès lors, on y consomme davantage de viande, qui était auparavant un mets occasionnel,
et davantage de produits laitiers. Ainsi, un Chinois qui consommait 13,7 kg de viande en 1980 en mange en moyenne 59,5 kg en 2010 : aujourd'hui la moitié de la production mondiale de porc serait consommée en Chine !
Plus de viande, de lait et d’oeufs, cela signifie des besoins accrus en céréales et en fourrage pour les animaux d’élevage. Une calorie animale nécessite
en effet 5 à 7 calories végétales. C’est là un des principaux moteurs de l’augmentation de la demande en céréales et en soja.
À cela s’ajoute le développement des agrocarburants obtenus à partir des céréales ou de la betterave et qui sont censés remplacer peu à peu le
gasoil et l’essence dans les moteurs de nos voitures. Plusieurs grands pays agricoles (Brésil, USA, UE) se sont lancés dans cette voie qui monopolise
des surfaces agricoles non négligeables au détriment de la production alimentaire.
Lucien Bourgeois, économiste
« Manger ou conduire, il va peut-être falloir choisir ! »
Les prix agricoles connaissent une nouvelle flambée. Comment envisagez-vous l’évolution des marchés de matières premières agricoles et des prix dans les décennies à venir ?
De plus, une part croissante du maïs est utilisée pour la fabrication d’agrocarburant (éthanol) subventionné, en particulier aux Etats-Unis. Cela fait baisser les stocks et vient en concurrence avec les besoins alimentaires. Manger ou conduire, il va peut-être falloir choisir ! Cette année encore, les prix des céréales ont doublé entre mars 2010 et mars 2011. Pourtant, à la différence de 2008, il n’y a pas eu de grandes catastrophes climatiques à l’exception de la sécheresse en Russie. Les explications de cet étrange phénomène : une spéculation qui n’est possible que dans la mesure où les politiques manquent de vigilance ! L’expérience a montré que la production peut se développer plus rapidement que la population dès lors qu’on stabilise les prix à la sortie de la ferme.
Globalement, il y a encore des terres disponibles et des marges de productivité. Il faudra de la formation, des crédits mais aussi un minimum de régulation politique pour accompagner ce mouvement et éviter les faillites.
Un consensus entre les puissances économiques pourrait-il voir le jour à court terme sur la régulation des prix agricoles ?
Les marchés agricoles ne sont pas semblables à ceux des produits industriels car ils concernent une dépense qu’on ne peut remettre à demain. Il faut manger trois fois par jour pour être en bonne santé ! Or, pour de nombreux produits alimentaires, la récolte est annuelle et variable en fonction du climat. Si les prix alimentaires augmentent trop, cela provoque l’exclusion des consommateurs les plus pauvres et si les prix descendent trop vite cela peut mettre en faillite les agriculteurs les plus modernisés s’ils sont endettés. C’est pour éviter ces deux écueils que les gouvernements doivent intervenir sur les marchés. La sécurité alimentaire est un problème régalien qu’il faut résoudre dans chaque Etat. Est-il possible d’agir au niveau mondial ? Cela n’a rien d’évident tant les objectifs diffèrent. Du moins peut-on espérer que se généralisent des expériences de concertation au niveau des grandes régions du monde. Il ne serait pas inutile non plus que les grandes puissances que sont l’UE et les Etats-Unis aient la sagesse de faire davantage de stocks pour éviter la pénurie dans certaines zones et surtout juguler la spéculation.
Auteur de nombreux ouvrages sur les politiques agricoles, Lucien Bourgeois est membre de l’Académie d’Agriculture et ancien Président de la Société française d’économie rurale.
Quelles réponses au défi alimentaire ?
De nombreux travaux ont été menés ces dernières années pour proposer des réponses au défi alimentaire que devra relever l’agriculture mondiale.
L’augmentation des rendements
Au cours des dernières décennies, les pays développés ont accru leurs rendements en utilisant des intrants chimiques et en artificialisant les milieux. Ce modèle a abouti à un certain nombre d’impasses environnementales (destruction des milieux, contamination des eaux) et sanitaires. Il faut donc réinventer au Nord comme au Sud de nouveaux systèmes agricoles qui concilient productivité et respect de l’environnement. C’est dans cette optique que l’agriculteur et écrivain Pierre Rabhi s’efforce avec de nombreux experts de promouvoir l’agro-écologie (voir encadré).
La réduction des pertes
La réduction du gaspillage alimentaire dans les pays développés devrait être un enjeu prioritaire. Selon l’Inra, aux 2000 kilocalories que nous consommons en moyenne chaque jour, s’ajoutent environ 800 kcal de pertes au niveau de la distribution et de la consommation ! Agir sur ces pertes et gaspillage est donc un enjeu capital.
L’évolution des régimes alimentaires
La part des denrées animales (viande, lait, oeuf, poisson) dans nos assiettes n’est pas anodine : plus notre régime est carné, plus la pression sur les ressources naturelles est importante. Il ne s’agit pas de devenir végétarien mais plutôt d’éviter la surconsommation de viande. Cette tendance est amorcée en France où les messages de santé publique orientent plutôt vers les produits végétaux comme les fruits et légumes ou les féculents.
La régulation des marchés
La libéralisation des marchés agricoles favorise leur volatilité et de nombreuses voix se sont élevées, notamment dans le cadre du G20 de juin 2011 pour demander une régulation des marchés et un encadrement des activités spéculatives. Ce cheval de bataille est désormais enfourché non seulement par des ONG mais aussi par les géants de l’agroalimentaire déstabilisés par les augmentations de prix actuels.
Les débouchés non alimentaires
Le débouché alimentaire de l’agriculture doit évidemment primer sur les applications industrielles ou énergétiques, comme les agrocarburants.
Interview de Pierre Rabbhi, écrivain et agriculteur
« Développer une agriculture de proximité »
Vous avez fait un choix personnel radical : celui du retour à la terre en devenant agriculteur en Ardèche. Nos sociétés largement urbaines, peuvent-elles recréer un lien entre les consommateurs citadins et les agriculteurs ?
La France ne compte plus que 3 % d’actifs dans le secteur agricole. Nous sommes par ailleurs très dépendants de l’étranger pour nos approvisionnements agricoles, ce qui est à la fois dangereux et absurde. Nous faisons venir des denrées agricoles par camions sur des milliers de kilomètres alors que les terrains agricoles abandonnés à la friche sont de plus en plus nombreux. Il revient aux politiques de repenser notre système alimentaire et de développer une agriculture de proximité. »
Quelles sont selon vous les pistes qui permettront de nourrir les 9 milliards d’êtres humains que devrait compter la planète en 2050 ?
Il est possible de nourrir la planète, à condition de sortir de la logique actuelle de surabondance alimentaire et de gaspillage qui prévaut dans nos pays avec son cortège de nuisances sanitaires et environnementales. Notre alimentation accorde une place trop importante aux calories d’origine animale ce qui mobilise d’importantes ressources pour la production. Nous devons évoluer vers une agriculture fondée sur les principes de l’agro-écologie. Dans cette approche, que j’ai diffusée en Europe et en Afrique sahélienne, on s’appuie sur les cycles naturels (compost, humus) au lieu des intrants chimiques pour répondre aux besoins des plantes. Ces apports de matière organique redonnent une vie microbienne au sol et permettent d’en maintenir la fertilité.
Pierre Rabbhi est entre autre l’auteur de « L’offrande au crépuscule ».
Publié le 20 juin 2012