Une boisson énergisante interdite en Slovénie

À la rencontre des défenseurs des consommateurs
Entretien avec Anja Bolha, expert alimentation de l’association de consommateurs slovène ZPS

 Pourquoi l'association ZPS s'est-elle intéressée aux boissons énergisantes ? 

Nous avons commencé à nous intéresser aux boissons énergisantes en mai 2022 et nous avons constaté est qu'elles contiennent de grandes quantités de caféine et de sucre et qu'il en existe de nombreuses marques différentes. Depuis, nous restons très vigilants sur les innovations dans le secteur des boissons énergisantes et nous avons découvert le produit Prime Energy Drink à l'été 2023.

Ce produit était devenu très populaire parmi les enfants et les adolescents slovènes, c'est pourquoi nous avons décidé d'étudier ce phénomène plus en détail. Nous avons découvert que certains petits détaillants vendaient également la boisson énergisante Prime, avec une quantité suspecte de caféine par rapport aux autres boissons énergisantes (200 mg dans une canette). Nous étions particulièrement inquiets car la publicité s'adressait directement aux jeunes enfants (via les influenceurs YouTube).

Comment avez-vous mené votre action ?

Nous avons d’abord en 2022 mené une enquête sur les comportements de consommation et d'achat des jeunes dont les résultats étaient inquiétants. Nous avons donc proposé l'introduction d'une limite d'âge pour interdire la vente de boissons énergisantes aux enfants de moins de 18 ans. Notre campagne a été prolongée en 2023 et soutenue par le ministère de la Santé, l'Institut national de la santé publique, le ministère de l'Éducation, la faculté des sports et du comité national olympique et a été largement couverte par les médias.

L’été 2023, quand nous avons découvert la boisson Prime Energy Drink, nous nous sommes plaints auprès de l'administration nationale de la sécurité alimentaire, du secteur vétérinaire et de la protection des végétaux concernant la teneur élevée en caféine. Nous avons écrit un article sur notre site Internet  et envoyé un communiqué de presse aux médias pour avertir les consommateurs de cette teneur élevée en caféine et de l'étiquetage inapproprié. Les informations sur la caféine n'étaient pas traduites en slovène, la liste des ingrédients était différente de l'anglais et certaines informations manquaient. Entre-temps, nous avons vérifié si la boisson avait déjà été signalé sur le Système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), géré par la Commission européenne. Nous avons constaté que Prime Energy Drink était déjà interdite dans certains pays.

Qu’avez-vous obtenu ?

Au bout de quelques semaines, nous nous sommes rendu compte que la boisson avait été retirée des rayons des magasins et de la vente en ligne. L'autorité nationale de sécurité alimentaire a publié un communiqué de presse et nous a informés par courrier électronique de l'interdiction de la vente de la boisson Prime Energy aux consommateurs slovènes.  Elle a demandé à l'Institut national de santé publique d'évaluer le risque lié à la consommation de cette boisson. Après un examen approfondi de la liste des ingrédients, il a été déterminé que la teneur élevée en caféine, correspondant à ce que nous avions déjà souligné chez ZPS, présente un risque pour la santé des enfants et des adolescents.

La boisson énergisante contient également l'ingrédient L-théanine, qui n'est pas autorisé dans l'UE. Il est classé comme « nouvel aliment » car son utilisation dans l’alimentation n’est pas encore approuvée. Son utilisation n'est autorisée que dans les compléments alimentaires.

Que recommande ZPS pour mieux réguler la consommation de boissons énergisantes au niveau national et européen ?

Nous recommandons deux restrictions. Tout d’abord restreindre le marketing et la publicité avec des réglementations plus strictes sur le marketing et la publicité des boissons énergisantes, en particulier auprès des jeunes. Ensuite, introduire des restrictions d'âge. Nous proposons la mise en place des restrictions d'âge pour la vente de boissons énergisantes aux mineurs, similaires aux réglementations régissant la vente d'alcool et de produits du tabac. Nous avons déjà plaidé pour une limite d'âge nationale de 18 ans, à l'instar de certains pays où elle est déjà appliquée (Norvège, Danemark, Lituanie…).

* https://www.clcv.org/nutrition-sante/boissons-energisantes-consommer-avec-moderation

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