En témoigne la stagnation des volumes d’emballages collectés, le geste de tri semble s’affaiblir en France. Y compris concernant le papier, qui cohabite souvent avec les emballages dans une poubelle spécifique.
La France à la traîne
En France, seulement 47 % des papiers graphique comme les journaux, les publicités, les annuaires, etc (sur lesquels porte la contribution des producteurs) sont recyclés, alors que l’Espagne recycle 64 % de ses papiers, et l’Allemagne 75 %.
Il est vrai que l’on parle très peu aux consommateurs de l’importance d’opter pour une consommation responsable et un geste de tri irréprochable sur le papier. En effet, les emballages ont monopolisé la communication tournée vers le grand public. Ne dit-on pas aux enfants de trier en citant toujours l’emballage en exemple ?
Il est vrai que la contribution financière (REP) imposée aux producteurs pour financer la collecte et le recyclage du papier est très récente puisqu’elle date de 2007. L’absence pendant trop longtemps d’une REP sur cette filière a entrainé un manque de moyens pour organiser les choses et mettre en place une communication adéquate auprès du grand public.
Une filière en attente de développement
Pourtant les enjeux sont de taille, notamment en matière d’emploi. La filière bois-papier-imprimerie emploie plus de 200 000 personnes. Une évolution de l'activité pourrait permettre de créer de nouveaux emplois dans une filière aujourd’hui en crise. Mais attention, la crise n’est pas seulement due au faible taux de collecte. Les indicateurs montrent aussi que les fortes exportations de la matière recyclée notamment vers l’Asie contribueraient à affaiblir les papetiers.
En outre le recyclage coûte cher et la qualité du produit recyclé n’est pas toujours au rendez-vous.
Par ailleurs, les effets du recyclage sur l’environnement ne sont plus à démontrer : trois fois moins d’énergie, trois fois moins d’eau et jusqu’à 30 % de CO2 de moins que la production de papier à base de bois, selon Ecofolio, l’éco-organisme chargé du financement de la collecte et du tri papier. On peut se demander si, à terme, l’augmentation du prix du bois permettra de rendre la filière plus compétitive. Pas si sûr, si l’on continue à expédier toute la matière vers l’étranger.
Et les consommateurs dans tout ça ?
« Le papier mérite au minimum une seconde vie » car il est recyclable 5 fois ! Il est donc temps de se remotiver en évitant de le gâcher et de le mettre dans le bac de tri pour qu’il soit recyclé lorsqu’on l’a utilisé.
Mais les consommateurs ne doivent pas seulement être envisagés comme de simples trieurs. Ils devraient pouvoir profiter de leur geste et en être récompensés. Leur principale attente porte sur la mise en place d’un prix attractif du papier recyclé. Pourtant l’achat de ramettes, cahiers ou de cartes de visites en papier recyclé reste un luxe et demande plus qu’une simple motivation de leur part. Si le coût de la pâte à papier est en général moins cher que la version non recyclée, elle compte peu dans le coût final des produits.