Depuis 2 ans, le taux de recyclage des emballages ménagers stagne à 67 % alors que l’objectif affiché par la directive européenne et recherché par Eco-emballages est de 75 %. Face à ce constat, l’éco-organisme en charge du « point vert » vient de publier une étude réalisée auprès de 5 500 Français.
Aujourd’hui, environ 99,6 % de la population aurait accès au service de tri dans sa commune. Malgré cette large couverture, l’étude indique que si 87 % des français trient occasionnellement leurs déchets, 44 % seulement le font de manière systématique. C’est notamment en maison et en zone rurale qu’on trie le mieux. Généralement, le taux de tri augmente avec l’âge du trieur.
Ces constatations faites, l’étude met une fois de plus en évidence qu’il existe bien un déficit d’information donnée aux trieurs et dont les personnes interrogées se plaignent. Une large part ne s’estime pas suffisamment informée à propos des bénéfices économiques réalisés (77 %), et des bénéfices environnementaux du geste de tri (63 %). En outre, 53 % affirment qu’ils trieraient mieux s’ils étaient sûrs que l’emballage est bien recyclé après leur geste de tri. La qualité du dispositif de collecte est aussi un facteur pouvant augmenter le taux de tri (une rue et un local-poubelle plus propres et un conteneur de tri assez grand)
Pour dissiper les doutes qui planent sur le recyclage, Eco-emballages se propose de répondre à ces interrogations en communicant :
- Communication renforcée sur les consignes de tri
- Mise au point sur les avantages économiques et environnementaux du recyclage
- Mise en place d’une campagne nationale d’information : « #suivezmoi » à suivre sur ecoemballages.fr à partir du 25 juin. Grâce à des balises GPS placées sur des emballages, les internautes pourront suivre à la trace les étapes du recyclage.
Ce plan de communication renforcé ne suffira pas à résoudre ce que nous dénonçons depuis des années. Il est légitime que les consommateurs citoyens qui contribuent de façon indirecte ou directe au financement du système et au geste de tri connaissent avec exactitude la façon dont les collectivités gèrent leurs déchets. De grandes disparités de performance de recyclage subsistent entre les différentes régions. Le quart sud-est de la France et les grands centres urbains sont nettement en retard par rapport aux régions de l’ouest alors que des financements importants ont été apportés. La Cour des comptes dans son rapport de 2013 pointait déjà les défaillances des collectivités dans l’atteinte de l’objectif de 75 % de taux de recyclage. Les soutiens versés aux collectivités locales ne sont pas toujours suivis d’une hausse effective du taux de recyclage.
Depuis des années, nous avons demandé aux pouvoirs publics de permettre aux usagers l’accès aux données relatives à la gestion des déchets. Pour mieux maîtriser les coûts, il est notamment nécessaire d’instituer de façon obligatoire un budget annexe et de généraliser la comptabilité analytique pour toutes les collectivités ; en outre, la mise en place d’un observatoire multipartite permettrait de suivre les évolutions des coûts et de recenser les expériences locales les plus intéressantes. Pour le reste, la cour des comptes dès 2011 avait recensé des mesures pertinentes qui auraient dû être mises en application depuis fort longtemps. Il n’est désormais plus acceptable que les consommateurs et contribuables payent sans une contrepartie sur la transparence du système.
L’amélioration générale des tonnages à recycler passe aussi par les efforts que doivent faire les administrations et les entreprises privées. Le focus est principalement fait sur les particuliers en oubliant les marges de progrès des autres parties. Enfin, la surcapacité des incinérateurs qu’il faut « continuer de nourrir » reste un élément à ne pas éluder lorsque l’on parle de recyclage, d’autant qu’il reste le second mode de traitement des déchets en France.
Consulter le dossier de presse "Les Français et le geste de tri"