Labellisation des réparateurs en progression mais des déserts géographiques persistent

La croissance de la labellisation des réparateurs est indéniable : on compte 1 250 réparateurs labellisés à fin décembre 2024, soit une augmentation d’environ 40 % en un an. Cependant, des disparités géographiques persistent. Le Nord, la Haute-Garonne et les Hauts-de-Seine enregistrent les nombres les plus faibles de points de réparation par habitant : 0,54 point de réparation pour 10 000 habitants dans le Nord, 0,69 en Haute-Garonne et 0,70 dans les Hauts-de-Seine. Ces chiffres soulignent des inégalités d’accès aux services de réparation dans certains départements.

Réparer plutôt que jeter : une tendance qui s’impose

Le volume des réparations a connu une hausse notable, avec 533 673 réparations supplémentaires par rapport au bilan précédent, soit une progression de 294 %. Les téléphones portables, les lave-linge et les lave-vaisselle restent les équipements les plus souvent réparés. En particulier, les réparations des téléphones portables bénéficiant du bonus réparation ont augmenté de 369 %, tandis que celles des ordinateurs portables ont progressé de 603 % entre 2023 et 2024. Cette croissance résulte principalement des ajustements apportés au fonds réparation début 2024, tels que l’intégration des casses écran et l’abaissement du seuil de déclenchement, incitant ainsi davantage de consommateurs à opter pour la réparation.

Bonus réparation : un outil à réajuster pour plus d’impact

Le bonus réparation couvre, en moyenne, 23 % du coût total de la réparation, soit un bonus moyen de 34 € pour une facture moyenne de 146 €. Toutefois, son impact varie selon le type d’appareil. Pour les téléphones portables, les aspirateurs et les lave-linge, le bonus atteint ou dépasse les 20 %, ce qui correspond à l’objectif initial du bonus réparation. En revanche, pour d’autres appareils comme les fours encastrables, les réfrigérateurs/congélateurs ou les presse-agrumes, le taux de réduction reste en dessous de 20 %, rendant leur réparation moins attrayante économiquement par rapport au coût d’achat d’un appareil neuf. Afin d’accroître l’attractivité de la réparation pour ces catégories, une augmentation ciblée du montant du bonus nous semble pertinente.

Stabilisation du prix moyen de la réparation pour tous les équipements

On constate une relative stabilisation des prix moyens des réparations entre 2023 et 2024, selon les catégories d’équipements. Cette stabilité peut s’expliquer par une meilleure représentativité des données, rendue possible par l’augmentation significative des demandes de réparation. Elle témoigne également de la fiabilité des données, élément clé pour mesurer l’impact et l’efficacité du fonds réparation. De plus, la maîtrise de l’inflation a contribué à limiter les hausses importantes des coûts, assurant ainsi une cohérence tarifaire avantageuse pour les consommateurs. Toutefois, cette stabilisation intervient après une année marquée par une forte augmentation des prix de la réparation.

Nos recommandations

  • Ajuster les montants du bonus réparation. Il semble pertinent de revoir certains montants alloués au bonus réparation afin de maintenir un équilibre attractif entre la décision de réparer un produit et celle d'en acheter un neuf. Cet ajustement garantirait une incitation économique concrète en faveur de la réparation.
  • Renforcer les campagnes de sensibilisation au bonus réparation. Pour maximiser l’impact du bonus, il est essentiel de diversifier les campagnes de sensibilisation et inclure des supports à large portée, tels que la télévision, pour toucher un public plus important.
  • Simplifier davantage les démarches administratives. Pour réduire les freins à la participation et à la labellisation des réparateurs, il est essentiel de simplifier l’accès au label QualiRépar pour les artisans et réparateurs, et d’optimiser le processus de remboursement.
  • Optimiser l’utilisation des ressources financières du fonds réparation. Bien que l’objectif de labellisation des réparateurs pour 2024 ait été atteint, le déploiement financier prévu pour le fonds réparation est loin d’avoir été entièrement mobilisé. En effet, seulement 19 % des ressources budgétées pour 2024 ont été utilisées. Cette sous-utilisation peut s’expliquer par un retard dans la mise en œuvre des actions planifiées ou par une évaluation excessive des besoins financiers. À partir de 2025, un fonds dédié aux formations sera mis en place dans le cadre du fonds réparation. Géré par les éco-organismes, ce fonds cofinancera la formation aux métiers de la réparation, avec une enveloppe annuelle plafonnée à 5 millions d'euros pour une durée de trois ans. Il est essentiel d’accélérer les initiatives de formation pour répondre à l’importante demande dans ce secteur.

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